CHAPITRE 4 - PARTIE 2
(...) Maintenant il savait. Dans
deux semaines son jour de gloire arriverait, il venait de fixer le jour exact.
Rien qu'à y penser, il s'en délecta, tous ses sens s'éveillaient en lui, ils
étaient en parfaite harmonie et il adora cette sensation agréable de bien-être.
Mais ce soir, ce soir serait
un avant-goût de ce qui se passerait dans deux semaines.
Alors, il s'approcha de la
penderie et prit son manteau, tout en l'enfilant, il se dirigea vers la porte
et hurla plus qu'il ne parla :
— Chérie, je sors faire un
tour, je n'en ai pas pour longtemps.
18h00
Juste après avoir raccroché le téléphone, Marc encore tout ensommeillé avait déambulé les marches de l'escalier jusqu'à sa mère en ouvrant grand les bras pour la serrer contre elle.
Elle aimait ses élans de
tendresse, d'autant plus qu'elle savait pertinemment qu'avec le temps ils se
feraient de plus en plus rares, alors, à chaque fois qu'il se laissait aller,
elle en profitait au maximum et le gardait blotti contre son cœur le plus
longtemps possible.
Mais ce soir, il en
redemanda – sûrement pour se faire pardonner – et elle en fut ravie.
— Alors poussin, on fait la
paix, c'est un cessez-le-feu, on dirait non ?
— Ouais, répondit-il
simplement.
— Qu'est-ce qu'on fait ce
soir, dis-moi quel est ton programme ?
Le mardi soir était un
rituel, comme il n'avait pas école le lendemain et qu'elle ne travaillait pas,
Marie en profitait pour sortir avec lui. Il leur arrivait souvent ces derniers
temps d'aller flâner dans les petites rues de Paris et de manger sur place.
— J'veux pas sortir.
— Ah bon ! Mais pourquoi ?
l'interrogea-t-elle étonnée.
— J'veux rester à la maison
avec toi.
— Comme tu veux c'est toi
qui décides, et qu'est-ce que tu veux faire alors ?
— Rien, seulement rester
avec toi.
Oh mon Dieu ! Cette phrase,
oh mon Dieu ! Pierre la lui répétait sans cesse, elle sentit les larmes monter
et ses yeux commencèrent à la piquer. Non, je ne peux pas pleurer devant Marc,
se dit-elle, mais elle dut se maîtriser de toutes ses forces pour ne pas se
laisser émerger par le chagrin… et le passé.
Son fils ne cesserait donc
jamais de l'étonner, plus il grandissait et plus il ressemblait à son père en
tous points, et elle l'aima davantage pour cela.
Alors, elle ne put
s'empêcher de prendre son petit garçon dans les bras et de le couvrir de
bisous. Marc se laissa faire, il aimait les bisous, surtout ceux de sa mère –
ceux de Claire arrivaient tout naturellement en deuxième position – et il ne
s'en lassait pas.
— Bon, on va préparer le
dîner, lâcha-t-elle tout d'un coup.
— Ouais !
— Qu'est-ce que tu veux
manger mon poussin ?
— Des pizzas, glapit-il
aussitôt.
— Non, on en a déjà mangé
hier et avant-hier.
Si elle l'écoutait, ils en
mangeraient toute la semaine. Au ton de sa voix, Marc sut de suite que sa mère
ne céderait pas, mieux valait ne pas insister.
— Alors j'sais pas, dit-il.
— Dans ce cas, c'est moi qui
décide pour toi.
Il n'était pas difficile,
heureusement, car la cuisine n'était pas du tout son fort.
Ils passèrent le reste de la
soirée à se raconter des histoires devant le feu qui émanait de la cheminée du
salon. Marc, épuisé par sa journée, fut le premier à s'endormir. Il se blottit
contre sa mère.
Elle aimait le contact chaud
de ce petit être contre elle, elle sentait sa poitrine se lever à chaque
nouvelle respiration et il ne lui fallut pas longtemps pour rejoindre son fils,
mais dans un sommeil agité. (...)