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Le jour de gloire

4 novembre 2006

CHAPITRE 4 - PARTIE 3

(...) — Il faut appeler Lacroix, pensa Greg tout haut quand ils arrivèrent au poste de police.
— C'est toi qui as sa carte de visite, répondit Fabien en pensant qu’il s'adressait à lui.
En arrivant au commissariat, Greg s'assit sur le rebord de son bureau et contacta Lacroix.
— Allô, qui est à l'appareil ?
— C'est le lieutenant détective Klein de la B.A.F, pourrais-je parler à Monsieur Lacroix ?
— C'est moi, j'attendais votre coup de fil.
— Je pensais tomber sur votre secrétaire.
— A cette heure-là, elle est déjà partie – puis il ajouta sans qu'on le lui ait demandé, comme pour se justifier – j’avais du travail à terminer ici.
— J'ai quelques questions à vous poser.
— Pas au téléphone, prenons plutôt un rendez-vous.
— Très bien comme vous voudrez.
— Je vais chercher mon agenda, attendez.
A l'autre bout du combiné, Greg entendit une porte s'ouvrir puis se refermer et :
— Demain à 17 heures 30.
— C'est parfait.
— Dans ce cas à demain lieutenant, et il raccrocha.

Cela faisait bien une heure qu'il rôdait dans les rues à la recherche d'une proie.
Quand ils passèrent devant lui, il sut au premier coup d'œil qu'ils feraient l'affaire. Ils les suivit de loin pendant une bonne demi-heure et quand il vit ce qu'il voulait savoir, il s'approcha d'eux doucement et les aborda.
— Bonsoir Madame !
La femme surprise fit un pas en arrière, tout en attrapant son fils à la volée.
— Excusez-moi, je ne voulais pas vous effrayer, mais je crois que je me suis perdu, voyez-vous je suis de passage ici, et j'ai oublié le plan du quartier à mon hôtel.
A ces mots, la femme se détendit et lui sourit, mais ce qu'elle ne savait pas c'est qu'elle venait de signer son arrêt de mort ainsi que celui de son fils.

Sa robe de mariée était noire et elle se trouvait devant une tombe vide avec un cercueil grand ouvert à ses pieds. Le visage qu'elle découvrit à l’intérieur lui glaça littéralement le sang. C'était celui de Marc, malgré cela, la pierre tombale portait le nom de Pierre ainsi que ses dates.
Comme paralysée, elle ne put empêcher que l'on referme le cercueil et qu'on le glisse dans le trou creusé à cet effet. Elle entendait Marc crier, il l'appelait, la suppliait pour qu'elle le fasse sortir de là, il lui promettait de ne plus jamais se disputer avec elle. Elle aurait voulu lui porter secours et l'aider, mais ses membres étaient bloqués, ils ne lui répondaient plus, elle aurait voulu hurler qu'on le libère, mais aucun son ne sortait de sa gorge. Même Jeanne et Claire semblaient ne pouvoir bouger, pourtant, elle aurait voulu qu'elles fassent quelque chose, mais elles semblaient tout aussi paralysées qu'elle.
Marie sursauta et entendit un gémissement. Il lui fallut un certain temps pour comprendre qu'elle s'était endormie sur le divan, Marc allongé contre elle, et qu'en sursautant, elle l'avait dérangé dans son sommeil.
Elle se leva lentement du canapé pour ne pas réveiller son fils qui dormait profondément.
Comme il faisait noir dans la pièce, elle dut marcher à tâtons jusqu'à l'interrupteur du couloir, elle ne voulait pas allumer dans le salon pour ne pas éveiller Marc.
Elle le prit dans ses bras et le porta jusqu'à son lit, en passant devant la pendule de la salle à manger, elle constata qu'il était 23 heures.
Après l’avoir couché, elle fila dans sa chambre. La sueur lui coulait encore dans le dos tellement elle avait eu peur.
Tout en se glissant sous la couette, elle se dit que c'était bien la première fois qu'elle faisait autant de cauchemars à l'approche de l'anniversaire de la mort de Pierre, ce devait être ça qui la perturbait autant. Pourtant, cette date avait une autre signification – plus joyeuse – en effet, le 05 avril était aussi la date de leur anniversaire de mariage. Le 05 avril 1999 cela ferait trois ans que Pierre était mort, mais aussi six ans qu'ils seraient mariés. Cette date était lourde de significations pour elle et encore plus de sentiments, le jour de la mort de Pierre, elle était enceinte de 10 semaines. Malheureusement, le fœtus n'avait pas survécu au fort choc émotionnel causé par ce décès. Quelques heures plus tard, Marie faisait une fausse couche.
Lorsqu'il lui arrivait de penser à cet enfant qu'elle avait perdu, c'était toujours avec beaucoup de tristesse, elle aurait eu 3 ans cette année. Elle, oui elle, Marie savait au fond d'elle-même que c'était une fille, Pierre voulait absolument une fille. Elle aurait voulu avoir cet enfant pour retrouver en lui un peu de Pierre. Alors, Marie s'était attachée de toutes ses forces à Marc, l'unique lien entre elle et son défunt mari.
Lorsqu'elle s'endormit finalement, ce ne fut que pour plonger de nouveau dans un sombre cauchemar.

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4 novembre 2006

CHAPITRE 4 - PARTIE 2

(...) Maintenant il savait. Dans deux semaines son jour de gloire arriverait, il venait de fixer le jour exact. Rien qu'à y penser, il s'en délecta, tous ses sens s'éveillaient en lui, ils étaient en parfaite harmonie et il adora cette sensation agréable de bien-être.
Mais ce soir, ce soir serait un avant-goût de ce qui se passerait dans deux semaines.
Alors, il s'approcha de la penderie et prit son manteau, tout en l'enfilant, il se dirigea vers la porte et hurla plus qu'il ne parla :
— Chérie, je sors faire un tour, je n'en ai pas pour longtemps.

18h00

Juste après avoir raccroché le téléphone, Marc encore tout ensommeillé avait déambulé les marches de l'escalier jusqu'à sa mère en ouvrant grand les bras pour la serrer contre elle.

Elle aimait ses élans de tendresse, d'autant plus qu'elle savait pertinemment qu'avec le temps ils se feraient de plus en plus rares, alors, à chaque fois qu'il se laissait aller, elle en profitait au maximum et le gardait blotti contre son cœur le plus longtemps possible.
Mais ce soir, il en redemanda – sûrement pour se faire pardonner – et elle en fut ravie.
— Alors poussin, on fait la paix, c'est un cessez-le-feu, on dirait non ?
— Ouais, répondit-il simplement.
— Qu'est-ce qu'on fait ce soir, dis-moi quel est ton programme ?
Le mardi soir était un rituel, comme il n'avait pas école le lendemain et qu'elle ne travaillait pas, Marie en profitait pour sortir avec lui. Il leur arrivait souvent ces derniers temps d'aller flâner dans les petites rues de Paris et de manger sur place.
— J'veux pas sortir.
— Ah bon ! Mais pourquoi ? l'interrogea-t-elle étonnée.
— J'veux rester à la maison avec toi.
— Comme tu veux c'est toi qui décides, et qu'est-ce que tu veux faire alors ?
— Rien, seulement rester avec toi.
Oh mon Dieu ! Cette phrase, oh mon Dieu ! Pierre la lui répétait sans cesse, elle sentit les larmes monter et ses yeux commencèrent à la piquer. Non, je ne peux pas pleurer devant Marc, se dit-elle, mais elle dut se maîtriser de toutes ses forces pour ne pas se laisser émerger par le chagrin… et le passé.
Son fils ne cesserait donc jamais de l'étonner, plus il grandissait et plus il ressemblait à son père en tous points, et elle l'aima davantage pour cela.
Alors, elle ne put s'empêcher de prendre son petit garçon dans les bras et de le couvrir de bisous. Marc se laissa faire, il aimait les bisous, surtout ceux de sa mère – ceux de Claire arrivaient tout naturellement en deuxième position – et il ne s'en lassait pas.
— Bon, on va préparer le dîner, lâcha-t-elle tout d'un coup.
— Ouais !
— Qu'est-ce que tu veux manger mon poussin ?
— Des pizzas, glapit-il aussitôt.
— Non, on en a déjà mangé hier et avant-hier.
Si elle l'écoutait, ils en mangeraient toute la semaine. Au ton de sa voix, Marc sut de suite que sa mère ne céderait pas, mieux valait ne pas insister.
— Alors j'sais pas, dit-il.
— Dans ce cas, c'est moi qui décide pour toi.
Il n'était pas difficile, heureusement, car la cuisine n'était pas du tout son fort.
Ils passèrent le reste de la soirée à se raconter des histoires devant le feu qui émanait de la cheminée du salon. Marc, épuisé par sa journée, fut le premier à s'endormir. Il se blottit contre sa mère.
Elle aimait le contact chaud de ce petit être contre elle, elle sentait sa poitrine se lever à chaque nouvelle respiration et il ne lui fallut pas longtemps pour rejoindre son fils, mais dans un sommeil agité. (...)


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4 novembre 2006

CHAPITRE 4 - PARTIE 1

17h30

Lorsqu'elle rentra chez elle, Marie – comme d'habitude – était épuisée après cette longue journée de travail. Elle se disait qu'elle ne supporterait plus très longtemps cette vie trop rythmée, en effet elle aimait le calme et prendre son temps, or à l'école, c'était tout le contraire, elle devait courir entre chaque cour.
Dans l'entrée, elle avait espéré voir apparaître son fils, mais il devait encore être sous le coup de la colère à cause de ce matin. Qu'est-ce qu'il pouvait être têtu quand il voulait, quelle tête de mule celui-là ! pensa-t-elle.
Alors, elle prit son courage à deux mains et monta le trouver dans sa chambre.
Elle frappa doucement à la porte, pas de réponse. Elle recommença, toujours aucune réponse. Déçue par l'attitude de son fils, elle entra tristement. Mais le spectacle qu'elle découvrit lui fit regretter immédiatement les pensées qu'elle venait d'avoir.
En effet, couché en position fœtale tout en suçant son pouce, Marc dormait blotti contre son nounours préféré. Claire avait certainement dû le coucher avant de rentrer chez elle. Marie dut lutter contre son envie de le prendre dans ses bras au risque de le réveiller par la même occasion.
En le contemplant, elle s'aperçut à quel point il était beau avec ses cheveux coupés courts qui frisaient, sa peau métissée et douce, et ses grands yeux verts. Oui, elle était heureuse qu'il ait au moins hérité de ses yeux. En pensant à lui plus tard, elle se l'imaginait en vrai tombeur.
Au moment où elle allait céder et le prendre dans ses bras, le téléphone sonna, elle sauta sur l'opportunité de ne pas réveiller son petit bonhomme.
 Allô !
— Marie, c'est Jeanne.
— Comment vas-tu depuis ce matin ?
— Bien, mais un peu fatiguée.
— Le boulot ?
— Le boulot, la famille tout quoi, je partirais volontiers une petite semaine à la montagne pour me relaxer.
— Tu devrais le proposer à Jacques, moi je me ferais un plaisir de garder Claire à la maison.
— Pff ! Tu connais Jacques, il ne voudra pas partir, il planifie toujours ses vacances un an à l'avance, partir au dernier moment comme ça serait un véritable abandon de ses patients.
— Mais si tu lui expliques que tu en as vraiment besoin, tu ne crois pas qu'il pourrait déroger à sa règle rien qu'une fois.
— Je ne pense pas, non, mais je vais quand même lui poser la question, et puis si tu peux prendre Claire chez toi, ce sera un poids en moins.
— Bien sûr, tu sais bien que tu peux compter sur moi. Pendant que j'y pense, pourrais-tu demander à Claire si elle peut me garder Marc vendredi soir ?
— Oui pas de problème, je ne crois pas qu'elle ait prévu quoi que ce soit. Mais je vais quand même lui poser la question, attends.
Elle entendit Jeanne crier à Claire si elle pouvait garder Marc ce vendredi soir. Sa réponse ne se fit pas attendre, elle adorait Marc, elle ferait n'importe quoi pour lui, il était pour elle comme qui dirait le petit frère qu'elle rêvait d'avoir. D'ailleurs, lui aussi l'aimait beaucoup.
— Elle est okay pour vendredi, répondit Jeanne.
— Cool, c'est un amour cet enfant.
 Le portrait craché de sa mère, plaisanta Jeanne.
— Ouais, ouais ! Je lui dirai plus tard à quelle heure venir.
— Mais dis-moi si je ne suis pas trop indiscrète, qu'as-tu prévu de faire vendredi ?
— Non, tu n'es pas trop indiscrète, j'ai simplement prévu de sortir.
— Quoi sortir !…. sortir avec un homme ?
 T'es vraiment forte en devinettes.
— Doux Jésus, est-ce que j'ai bien compris ! Tu vas sortir avec un homme, mais dis, je le connais ce mec-là ?
— Je crois que tu as dû l'apercevoir 2 ou 3 fois à l'école, il s'appelle Stephen.
— Stephen, Stephen, non son nom ne me dit… ah mais si ! C'est bon je vois qui c'est, le beau gosse-là, le prof d'anglais si je me souviens bien !
— T'as vu juste.
— Eh bien ! Pour un premier rancard tu t'en sors pas mal, dis-moi.
— Tu sais, il n’arrêtait pas de me saouler alors j'ai accepté, et puis j'ai 30 ans, je ne peux pas rester seule toute ma vie.
— Oh si tu le peux, mais tu ne le feras pas à cause, grâce, devrais-je dire plutôt, à Marc, n'est-ce pas ?
— Je ne peux rien te cacher, tu as toujours su lire en moi comme dans un livre ouvert et ça m'agace, dit-elle sur un ton amusé.
— Ben voyons, ma chérie, toi agacée parce que….
— Jeanne, Jeanne, viens voir vite !
C'était Jacques, son mari, qui l'appelait ainsi. Marie ne l'appréciait que très peu, elle savait que Jeanne regrettait de s'être mariée et d'avoir eu un enfant aussi jeune, surtout avec son mari, cependant elle l'aimait plus que tout, et Marie trouvait cela vraiment paradoxal. D'autant qu'il lui en faisait voir de toutes les couleurs, comme s'il haïssait sa femme et sa fille, oui plus le temps passait et plus Marie pensait qu'il devait les haïr.
— Excuse-moi, mais je dois y aller. On se rappelle ?
Quelle question ! Elles ne pouvaient pas passer un jour sans se parler, se dit Marie.
— Oui, au revoir.
 Au revoir mon chou ! (...)


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4 novembre 2006

CHAPITRE 3 - PARTIE 2

(...) — Alors qu'est-ce que tu en penses ?
 De quoi ?
 De Brunel et de son acolyte Lacroix !
— Je ne pourrais pas expliquer pourquoi, mais ces deux mecs ne m'inspirent pas confiance, je ne crois pas un mot de ce qu'ils nous ont raconté.
 
Ouais, moi non plus.
— Tous les deux me semblent louches, mais bon, dans la politique, tout le monde est louche.
— Ça ne pouvait pas tomber plus mal que sa fille accouche maintenant.
— Et en plus, il fallait, comme par hasard, que sa femme aille la rejoindre, mais bon Dieu, je sens que cette affaire n'est pas prêtre d'être réglée d'aussi tôt.
 
Ouais, dit Fabien.
— Bon allons voir Eppart, j'ai quelques questions à lui poser. Et puis j'aimerais que tu te renseignes sur Brunel et Lacroix, prends tout ce que tu pourras trouver d'intéressant, et vérifie au passage si la fille de Brunel a vraiment accouché. 

La morgue était une grande bâtisse toute blanche avec de hautes fenêtres de chaque côté des façades, elle s'élevait sur trois étages. A l'intérieur, la peinture s'effritait et le parquet était jauni par le temps. Néanmoins, elle était très moderne. A croire que tout l'argent des contribuables passait dans sa modernisation et non dans sa rénovation.
Quand ils entrèrent dans la salle d'autopsies, la même odeur de mort et de formol les prit aussitôt à la gorge. Ils détestaient la morgue pour cela.
Ils trouvèrent Gloria en "tenue de combat", comme disait Fabien, en train d'examiner les deux squelettes. En entendant leurs pas, elle leva les yeux de la table d'examen.
 
Qu'est-ce qui vous amènent aussi vite ? demanda-t-elle.
— J'aimerais savoir s'il est possible que les cadavres aient été brûlés, avança Greg.
 
Pourquoi ?
 
Et bien le jardinier, son nom n'échappe.
 
Dubois, intervint Fabien.
— Ouais, Dubois. Il a remarqué que l'herbe ne poussait plus là où il a découvert les corps, il pense que la terre a dû être brûlée à cet endroit. Alors je me suis dit qu'elle avait dû l'être en même temps que les corps.
— Oui, je confirme, les deux cadavres ont bel et bien été brûlés, cela se voit aux marques laissées sur leurs os, regardez.
Et elle leur désigna ces marques du bout des doigts.
— Mais en général, quand des corps brûlent, à la fin il ne reste plus que des cendres, n'est-ce pas ? dit Fabien.
— Ça dépend, mais dans ce cas on dirait bien que quelque chose a interrompu le feu, peut-être qu'il s'est mis à pleuvoir avant que les os ne disparaissent totalement.
 
Est-ce le feu qui les a tués ? s’enquit-il.
Rien que le son de sa voix suffisait à la mettre hors d'elle.
— Je ne saurais le dire avec exactitude, pourtant à première vue, il n'y a aucun traumatisme crânien, alors, oui, le feu les a peut-être brûlés, mais c'est vite dit.
 
Mais ce n'est pas sûr ?
— Non, absolument pas, ils ont peut-être été empoisonnés avant d'être brûlés, cependant il m'est impossible de le savoir, il ne nous reste que les os. En tout cas, une chose est certaine : ils ont bel et bien été brûlés.
Greg n'avait pas envisagé cette éventualité, il n'avait pas pensé qu'ils avaient pu être brûlés vivants, mais quel monstre pouvait faire une chose pareille ! Un homme sans sentiment, sans conscience à tous les coups, se dit-il.
— Et qu’avez-vous découvert ? la questionna Greg.
— Le plus grand des cadavres est une femme, elle devait probablement avoir la trentaine lors de son décès. Le petit cadavre est un garçon, il ne devait même pas avoir 6 ans. La mort remonte à 7 ou 9 ans. Sinon, j'ai découvert quelque chose d'intéressant sur la femme.
 
Qu'est-ce que c'est ? demanda Greg.
— Elle avait des implants en or, je les ai envoyés au labo pour les faire examiner.
— Bien, très bien.
— De plus, j'ai également envoyé une radio de sa dentition à tous les dentistes de la région, ça fait pas mal, mais pour l'instant je ne peux pas faire autre chose pour démarrer mes recherches. Et puis qui sait ! peut-être que l'un d'entre eux reconnaîtra une de ses anciennes patientes. J'ai procédé de même avec le petit, mais ce sera plus difficile.
 
Pourquoi ? voulut savoir Fabien.
— Parce qu'il n'est qu'au stade des dents de lait, et à son âge, on n'a pas encore de dentition fixe, répondit Greg.
— Oui, c'est ça, dit Gloria en pensant pour la première fois que Greg n'était pas bête et avec ça il était beau gosse.
Il remarqua son regard et elle rougit en s'apercevant qu'elle venait d'être démasquée, elle baissa la tête, honteuse. Fabien aussi avait vu son regard, il envia Greg et détesta Gloria un peu plus.
— Bon si c'est tout.
— Oui, c'est tout.
— J'attends rapidement de vos nouvelles, dit Greg en partant.
— Comptez sur moi, lui répondit-elle le sourire aux lèvres.
En allant au commissariat, Greg demanda à Fabien de compulser tous les fichiers concernant les personnes disparues depuis les dix dernières années et de relever toutes les disparitions qui comprenaient une mère et son fils, âgés respectivement de 30 à 35 ans et de 5 à 6 ans. En se les imaginant, Greg fut encore un peu plus écœuré en pensant au monstre qui avait pu faire cela, il se promit de l'arrêter et de le faire enfermer à vie coûte que coûte. 

La pause de midi fut l'occasion pour Marie de dire à Stephen qu'elle acceptait son invitation pour vendredi soir. Dans trois jours, se dit-il, tout heureux. Il attendrait avec patience, oui patienter était ce qu'il savait faire de mieux depuis 9 ans.


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31 octobre 2006

CHAPITRE 3 - PARTIE 1

8h00

Quand le réveil sonna, Marie était plongée dans un rêve mouvementé, plutôt un cauchemar, en conclut-elle en se réveillant. Elle n'en avait plus aucun souvenir, mais trembla encore comme une feuille en y pensant sous la douche. Elle sortit et se sécha rapidement, il ne lui restait même plus assez de temps pour se maquiller et prendre un petit-déjeuner avant de conduire Marc à l'école.
Le petit était déjà en train de manger quand elle descendit pour le rejoindre dans la cuisine. Tous les soirs – quand il y avait école le lendemain – elle laissait le nécessaire pour son petit-déjeuner à porter de mains pour qu'il se le prépare tout seul. Elle lui avait montré comment faire plus d'une fois.
 Alors mon poussin, prêt pour aller à l'école ?
— M’man, j'ai pas envie d'aller à l'école, répondit-il avec sa moue suppliante qu'il prenait à chaque fois qu’il voulait obtenir quelque chose.
Oh non ! pensa Marie, pas ça, pas aujourd'hui, j'ai trop de cours, je ne peux pas, il faut que je me montre autoritaire et ferme, il doit aller à l'école. En plus, je ne peux même pas compter sur Claire, elle est à l'école toute la journée le mardi. Alors pas de caprice ce matin, il ira à l'école, un point c'est tout.
— Non ! Tu dois aller à l'école, je ne peux pas te garder à la maison aujourd'hui, j'ai beaucoup trop de cours, et puis je ne veux pas accepter tous tes caprices, si encore tu étais malade…
 Mais je veux bien aller avec toi, dans ton école.
Elle l'avait fait une fois, il n’avait pas voulu aller à l'école comme ce matin et en désespoir de cause, elle l'avait amené avec elle en cours. Il avait été intenable, il avait perturbé ses cours et ses élèves, elle avait alors décidé de ne plus jamais réitérer une telle expérience.
— Non, je ne veux pas, tu ne te rappelles pas la dernière fois quand je t'ai amené comment tu t'es comporté ? Pas question, tu ne viendras pas.
 Mais…
— Pas de mais, je n'ai pas le temps de discuter davantage avec toi, je t'ai dit que tu iras à l'école aujourd'hui, un point c'est tout. Me suis-je montrée assez clair ! Alors maintenant file de débarbouiller et mettre ton manteau et fais vite ! s’écria-t-elle toute énervée à présent.
Pas content d'avoir été réprimandé, Marc se leva lourdement en faisant traîner sa chaise – il savait que sa mère n'aimait pas ça – puis, il marcha d'un pas lourd en prenant tout son temps.
— Marc Martins ! Je n'ai pas envie de crier alors dépêche-toi avant que je ne m'énerve pour de bon, compris !
Trop tard, elle avait déjà crié, il avait le don pour lui faire perdre patience.
Il redescendit cinq minutes plus tard, fin prêt à partir à l'école, mais toujours avec son air boudeur.
Sur le trajet jusqu'à l'école, il n'ouvrit pas une seule fois la bouche contrairement à son habitude, Marie comprit que ce n'était pas la peine d'insister au risque d'envenimer encore plus les choses, elle ne lui parla donc pas.
Elle se dit que la journée commençait mal, vraiment mal. Elle n'aimait pas ce caractère capricieux chez son fils, elle ne savait pas d'où il pouvait bien tenir ça, ni elle ni son père n'avaient été comme ça étant petits.
Arrivés devant son école, elle lui réclama un bisou, le petit trop rancunier ne lui lança qu'un au revoir de la main, et encore, de loin.
Déçue et un peu triste – Marie détestait ces querelles avec son fils, elle l'aimait beaucoup trop pour ça – elle retourna à sa voiture et prit le chemin du lycée.
Entre temps, la pluie s'était remise à tomber, depuis plusieurs semaines déjà ça n'arrête pas, pensa-t-elle. Elle haïssait vraiment le mois de mars et ses giboulées pour cette raison.
A l'école, elle prit la direction de la salle des profs afin de s'octroyer, se dit-elle, un peu de répit après cette déception et avant cette longue journée qui l'attendait. Mais c'était sans compter la présence de Stephen. A peine avait-elle franchi la porte qu'il se l'accaparait déjà.
 Salut Marie ! Comment ça va ?
 Bien et toi ?
— Mieux maintenant, tu as réfléchi à ce que je t'ai proposé hier ?
— A vrai dire je n'ai pas eu la tête à ça, mais je n'ai pas oublié, ne t'inquiète pas.
Qu'est-ce qu'il pouvait l'énerver à toujours revenir à la charge comme ça, elle n'en pouvait plus, elle avait alors décidé : elle accepterait son invitation pour se débarrasser de lui.
— Excuse-moi, mais j'ai un cours qui commence dans 10 minutes et je dois passer un coup de fil avant.
Enfin seule, elle appela Jeanne à son travail. Elle était pour ainsi dire la sœur qu'elle n'avait jamais eue, elles étaient très proches toutes les deux et inséparables. Elles s'étaient rencontrées à l'université, et depuis ne s'étaient jamais quittées. Jeanne était alors mariée depuis l'âge de 20 ans et avait déjà eu une fille, Claire – qui gardait très gentiment Marc quand Marie finissait les cours tard – quand elles s'étaient croisées pour la première fois. Son mari Jacques Deslanges était chirurgien à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, c'était la mode dans sa famille, on était chirurgien de père en fils.
 Salut Jeanne !
 Je me disais que tu n'appellerais plus vu l'heure qu'il est.
 — Tu rigoles ou quoi ! Il n'est même pas 9 heures 30. Au fait, j'espère qu’hier Claire n'est pas rentrée trop tard à ton goût.
 Non, mais elle m'a dit que tu es une vraie tortionnaire.
 C'est pas vrai ! Qui l'eût cru ! plaisanta-t-elle.
Et elles partirent ensemble dans un fou rire, Jeanne en repensant à la mine amusée de sa fille qui lui disait cela et Marie en revoyant l'épisode de la veille où l’adolescente avait promis de se plaindre auprès de sa mère.
 Oui, j'avoue, je l'ai forcée à faire ma lessive, ironisa Marie.
 C'est ce qu'elle m'a raconté effectivement.
Elles se parlèrent encore pendant cinq bonnes minutes avant qu'elles ne raccrochent le téléphone. Marie ne voulut pas perdre un instant de plus, elle allait être en retard à son premier cours de la journée. (...)


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31 octobre 2006

CHAPITRE 2 - PARTIE 3

(...) Il voulait savoir si ce dernier n'avait pas pu voir quelque chose de suspect par là-bas, car à tout casser les cadavres devaient être là depuis au moins 10 ans.
— Feu François, il est décédé voilà 6 mois, c'est pour cette raison que j'ai dû demander les services de Dubois.
Et une piste qui s'en va.
— Et vous, vous arrive-t-il d'aller par là-bas ? lui demanda Fabien.
— Non, jamais, c'est beaucoup trop sauvage avec toute cette herbe haute.
— Justement, pourquoi ne pas la tondre comme le reste de votre – il chercha le mot approprié : parc ou jardin – parc, décida-t-il finalement ?
— C'est tout simple, il y a maintenant une bonne dizaine d'années, ma femme a fait une mauvaise chute de cheval dans le coin, elle a comme qui dirait banni cette parcelle de terrain depuis, elle ne veut plus y retourner et empêche quiconque d'y aller. Cependant, j'y envoie quand même le jardinier 2 à 3 fois par an pour tondre l'herbe.
Greg nota mentalement de vérifier auprès de sa femme l'exactitude de ses propos.
 Ce sera tout pour aujourd'hui Monsieur Brunel.
— Bien, si vous avez besoin d'autre chose, n'hésitez pas à m'appeler.
Il voulait se montrer coopératif, pour ne pas éveiller les soupçons de la police, ce n'était pas le moment de se faire coincer.
 Oui, serait-il possible de s'entretenir avec votre femme ?
 Ma femme ! dit-il d'un air surpris.
Il n'y avait pas pensé.
— Oui, votre femme, insista Fabien qui comprenait à présent où voulait en venir Greg.
— Mon épouse est partie chez notre fille, elle vient de nous donner notre premier petit-fils.
En disant cela, Brunel ne put s'empêcher de sourire. Greg et Fabien s'en aperçurent, ainsi que cette lueur qui étincela dans ses yeux.
— Toutes nos sincères félicitations Monsieur, je suppose que vous devez être fier de ce petit-fils.
— Et comment, c'est notre fille unique et elle nous donne un petit-fils, il n'y a rien de plus magnifique au monde que ça, vous savez !
— Je vous crois sans difficulté, mais quand pensez-vous que votre femme va rentrer ?
 Je ne saurais vous le dire.
 Bernard, il faut y aller.
C'était son bras droit qui venait d'entrer. Je suis intervenu à temps, pensa-t-il.
— Lieutenants, je vous présente Monsieur Lacroix, mon bras droit.
Sans leur laisser le temps de répondre, Brunel enchaîna, mais cette fois pour Lacroix :
 Ils viennent pour les squelettes.
 Ah oui ! ce regrettable incident, dit Lacroix.
 — Ce n'est pas un regrettable incident, nous pensons qu'il s'agit d'un meurtre, intervint Greg.
— Comment ! s’emporta Brunel, mais qu'est-ce que vous racontez, ce ne sont que des histoires !
 Bernard, calmez-vous, laissez-les s'exprimer, voyons !
— Nous avons tiré ces conclusions après examen, tout porte à croire qu'ils ont été assassinés vu leur position.
— Tout porte à croire ! Mais vous en n’êtes pas sûr, renchérit Lacroix.
 Eh bien…
— Alors, le coupa Brunel, tant que vous n'aurez pas apporté de preuves concrètes pour appuyer vos dires, je ne veux pas vous entendre parler de meurtre, je vous l'interdis formellement. Oh ! je sens les média se jeter dessus. Je vois déjà les gros titres des journaux : Meurtre chez un futur sénateur. Non, non, ne parlez plus de meurtre ! décréta-t-il.
"Je ne veux pas, je vous interdis", mais pour qui se prend-il celui-là pour me donner des ordres, mais Greg ne répondit pas, il ne savait que trop bien qu'il y avait des enjeux politiques sous cette histoire. En effet, Brunel postulait pour un poste en tant que sénateur et il ne voulait certainement pas griller toutes ses chances avec cette histoire de meurtre. Pour lui ce fut tout à fait compréhensible, après tout, mais cela ne lui donnait pas le droit de donner des ordres comme ça.
— Bon, si vous n'avez plus d'autres questions, je crois qu'une enquête vous attend, plus rien ne vous retient ici.
— Avant de partir, j'aimerais aussi vous poser quelques questions Monsieur Lacroix.
— Ecoutez ! téléphonez à mon bureau, ma secrétaire vous donnera un rendez-vous, voilà ma carte.
Et il la leur tendit.
 Merci, nous n'y manquerons pas.
Sur ce, les lieutenants partirent.
— Je sens que cette histoire va me causer du tort, mais quel idiot ce jardinier d'avoir appelé la police avant de m'avoir prévenu.
— Non, Bernard, il a bien fait, il vaut mieux que cette histoire soit réglée avant votre nomination, ce sera un point en plus pour vous. Imaginez : vous pourrez alors donner une interview exclusive à la presse sur le rôle que vous avez joué pour permettre le dénouement de cette affaire.
 Oui, vous avez raison, je n'y avais pas pensé du tout.
— Mais, pourquoi avoir inventé cette histoire de petit-fils, ils s'apercevront tôt ou tard que ce n'est pas vrai.
— Je sais encore ce que je dis, je ne suis pas fou, mais entre temps, nous aurons eu le temps nécessaire pour régler nos affaires, je n'ai pas l'intention qu'ils viennent fourrer leur nez dedans.
 Je comprends mieux maintenant.
— Bon au bureau, nous avons déjà perdu que trop de temps.


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31 octobre 2006

CHAPITRE 2 - PARTIE 2

(...) L'homme portait de grosses bottes vertes et un pull qui pouvait contenir au moins dix hommes de sa corpulence, tellement il était grand ou tellement l’homme était maigre.
 Bonjour, Monsieur… commença Greg.
 Jean-François Dubois, j’suis le jardinier.
Je ne l'aurais pas deviné, pensa Greg en le dévisageant de la tête aux pieds.
Le jardinier voulut tendre sa main, mais il remarqua au dernier moment qu'il portait ses gants et que ceux-ci étaient recouverts de boue, alors il baissa son bras et fit un signe de la tête pour saluer les lieutenants.
— Je suis le lieutenant détective Klein de la B.A.F. et voici le lieutenant Johnson, annonça-t-il au jardinier en le montrant du menton. On aimerait vous poser quelques questions à propos de votre découverte.
— Depuis combien de temps êtes-vous au service de Monsieur Brunel en tant que jardinier ? demanda Fabien.
 Ça va faire 6 mois.
 Occupiez-vous un autre poste ici avant ?
 Non, j’suis arrivé ici y a 6 mois.
 Et c'est la première fois que vous voyez ça ?
— Ben oui, vous savez la pluie d’ces derniers jours a tout déblayé, et puis c’te partie du terrain, j'y vais pas souvent.
 Pourquoi ?
 Et ben parce que Monsieur Brunel le veut.
— Vous a-t-il donné des raisons pour vous expliquer pourquoi il ne veut pas que vous veniez ici ?
 Nan !
 Et vous ne lui avez jamais demandé d'explications ?
— Pourquoi j'l'aurais fait, Monsieur Brunel m'a dit de pas y aller, j'y suis pas allé.
 Et combien de fois venez-vous ici et pour quoi faire ?
— Seulement aujourd’hui d’puis qu’j’suis là, seulement pour couper les hautes herbes et ça demande du temps. J’m’suis toujours demandé pourquoi y avait pas d'herbe qui poussait là, dit-il en montrant du doigt l'endroit où avait été découvert les cadavres, c’est comme si qu'on y avait mis du feu.
Quand Greg l'entendit dire cela, il nota sur son calepin de demander à Eppart si les corps avaient pu être brûlés.
— Et vous n'aviez rien trouvé de suspect avant aujourd'hui ? demanda Fabien.
 Nan, à part que l'herbe ne pousse pas là-bas.
— Bon merci, si on a encore besoin de vous, on vous rappellera.
 D'accord !
Et l'homme s'en retourna à son travail. Il ressemble en tous points à un Deschiens, pensa Greg. Il est habillé pareil, parle pareil, il n'a aucun signe particulier, il est quelconque, pauvre type ! songea-t-il en le voyant s'en aller travailler. Mais bon, il a au moins le mérite d'être sensé, puisqu'il nous a appelés dès qu'il a découvert les squelettes.
En se tournant vers Fabien :
— Pourquoi Brunel ne veut-il pas que son jardinier vienne ici ? Curieux, non !
 Ouais c'est curieux, allons-le lui demander.
C'est ce qu'ils firent, la maison se situait à des kilomètres de l’endroit où ils se trouvaient. En arrivant devant la porte, les lieutenants étaient essoufflés d'avoir beaucoup marché, ils se dirent qu'ils auraient mieux fait de venir jusqu'ici en voiture. Avant d'entrer, Greg nota mentalement qu'il ne faudrait pas demander directement à Brunel pourquoi il ne laissait pas son jardinier aller là-bas plus souvent, il ne voulait pas que le vieux se mette sur la défensive.
 Bonjour lieutenants ! dit Brunel sans leur tendre la main.
Ils étaient comme ça les gens de sa catégorie, ils se sentaient trop supérieurs pour s'abaisser à serrer la main à de simples flics, seulement quand ils avaient besoin d'eux, non seulement ils leur serraient la main, mais ils avaient aussi droit à un certain respect.
Brunel était un homme de petite taille et maigre, son teint blanc écarlate laissait toujours penser qu'il était souffrant. Ses cheveux complètement gris à présent et sa moustache blanche trahissaient son âge avancé.
— On aimerait vous poser quelques questions à propos de la découverte de votre jardinier.
— Faites ! Mais pas plus de 5 minutes, j'ai une journée bien chargée qui m'attend au bureau, je n'ai donc pas beaucoup de temps à vous consacrer, alors dépêchez-vous !
Mais pour qui se prend-il, quel culot de nous parler comme ça, se dit Greg écœuré et dégoûté par l'attitude que les hommes riches et puissants adoptaient toujours envers eux.
 Nous ne serons pas longs, promit-il.
— Je l'espère bien, mais puis-je vous proposer quelque chose à boire avant ?
 Non merci, répondirent en cœur les deux lieutenants.
— Depuis combien de temps habitez-vous ici ? enchaîna Greg sans attendre.
 Cela va bien faire 15 ans maintenant.
Avant Dubois, qui était votre jardinier ? (...)



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31 octobre 2006

CHAPITRE 2 - PARTIE 1

Mardi 23 mars 1999
7h30

 

 Mais qu'est-ce que c'est ? demanda Gloria Eppart.
— Des os.
— Je le vois bien, mais qu'est-ce qu'ils font là, je ne comprends pas !
La pluie de ces derniers temps venait de mettre au jour deux squelettes : un grand et un petit, certainement un adulte et un enfant, se dit Gloria, encore une enquête qui promet d'être compliquée.
 Alors qu'est-ce que vous en pensez ?
 Pardon ?
 Je vous demandais ce que vous en pensiez ?
 De quoi ?
 De ça !
Fabien Johnson, le lieutenant, lui tendit une pièce de 10 F datée de 1990, recouverte de boue et vieillie par le temps qu'il avait trouvée sous le plus grand des cadavres.
— Je pense que c’est peut-être l'année de la mort de ces deux malheureux, lui répondit-elle. A première vue, ils ne sont pas morts de façon naturelle.
— Oh ben ça alors ! Il m'aura fallu un toubib de seconde main pour apprendre ça, lui rétorqua méchamment Fabien.
— Je vous interdis de me traiter de toubib et encore moins de seconde main.
 Ah oui et qu'est-ce que vous ferez pour m'en empêcher ?
— Eh là ! tous les deux vous avez fini ! leur cria Grégory Klein, le lieutenant détective. On est là pour découvrir qui sont ces personnes, dans quelles conditions elles sont mortes, et surtout pourquoi.
 Salut Klein !
— Johnson, Eppart, leur dit-il en faisant un signe de tête en prononçant leur nom.
Greg n'avait jamais aimé Fabien avec son air supérieur, mais il devait reconnaître qu’il était un bon flic, de plus il avait besoin de lui sur ce coup-là, alors il dut tenir sa langue.
 Faites-moi un rapport !
Gloria prit la parole :
— Deux squelettes, certainement un gosse et un adulte d'après leur taille, je fournirai l'âge approximatif après examen. La mort a dû avoir lieu après 1990 ou en 1990.
 Et qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
— Ceci, dit Fabien en montrant à Greg de sa main gantée la pièce de 10 F recouverte de boue, je l'ai trouvée sous le plus grand des squelettes.
Greg la prit dans ses mains pour l'examiner de plus près, en effet, la date 1990 était marquée dessus.
— Mais encore, la pressa-t-il.
— Ils ne sont pas morts naturellement, poursuivit Gloria, ça se voit à leur position. A mon avis, on a dû les ligoter les mains dans le dos et les mettre à genoux avant de les tuer.
— Ok ! Les gars passent tout au peigne fin, si vous en avez fini ici, faites-les amener à la morgue, j'espère avoir les résultats de vos autopsies le plus rapidement possible.
— Hé ! Mais je suis débordée en ce moment, je ne sais pas si…
— Si vous savez, répliqua-t-il sèchement, vous me faites ces autopsies en priorité, le reste passe après. Vous ne savez peut-être pas à qui appartient ce terrain ?
 Mais je ne vois pas le rapport ?
Gloria commençait aussi à s'énerver, elle n'aimait pas qu'on lui donne des ordres, qu'on lui dicte ce qu'elle avait à faire, même si cette personne en avait le droit, elle préférait nettement mieux qu'on le lui demande poliment, mais elle avait affaire à des flics qui ne raisonnaient pas comme elle.
— Ce terrain appartient à Monsieur Brunel, ne vous l'a-t-on pas dit ? Comme vous êtes nouvelle ici, vous ne devez pas savoir qui c'est ?
 Non, répondit-elle doucement.
Fabien se délecta de ce spectacle, il n'avait jamais porté Gloria dans son cœur, surtout depuis le jour où elle avait repoussé ses avances. Pourtant, aujourd'hui plus qu'avant, il la trouvait très attirante.
— C'est l'homme le plus puissant de la ville, non du département, de la région même. Alors il s'est empressé d'appeler le maire qui a appelé le commissaire qui m'a appelé. Il veut que cette histoire soit réglée avant que la presse ne s'en mêle. Compris ou vous avez besoin d'un dessin !
 Greg n'avait pas mâché ses mots et il le regretta aussitôt en voyant la figure décomposée de Gloria. Mais il ne s’en voulut pas longtemps de l'avoir un peu secouée, après tout, il ne voulait pas être le seul à avoir été bousculé aujourd'hui.
— Qui a découvert les corps ? demanda-t-il en se tournant vers Fabien.
— Le type là-bas, répondit-il en montrant du doigt un homme entre deux âges et maigre comme un clou.
 Tu l'as interrogé ?
 Non, pas encore, je t'attendais.
— Bien, alors allons-y. Ah ! lâcha-t-il en se tournant vers Gloria, au travail ! (...)


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26 octobre 2006

CHAPITRE 1 - PARTIE 2

(...) Comme à l'accoutumée, il bondit dans ses bras et les referma autour de son cou, il adorait faire des câlins à sa mère, et bien sûr elle ne s'en plaignait pas.
 
Bonsoir m’man, dit-il en lui faisant un gros bisou sur ses deux joues.
 
Bonsoir poussin, répondit-elle tout en lui rendant ses deux bisous, tu as passé une bonne journée à l'école ?
 
Oui !
 
Et qu'est-ce que tu as fait ? Raconte-moi.
 
On a fait des dessins et je t'ai fait un dessin, pour toi.
 
Magnifique !
— Tu veux le voir ?
— Je vais d'abord parler à Claire, j'espère que tu as été sage avec elle ?
Elle connaissait déjà la réponse, il était adorable avec tout le monde et en particulier avec Claire.
 — Mais dis-moi où est-elle ?
 En bas, elle nettoie des vêtements dans la machine.
— Oh ! elle fait une lessive, quelle gentille fille, il faudra penser à l'augmenter à la fin du mois, elle en fait toujours plus que prévu !
Tout en allant vers l'escalier qui menait à la buanderie, dans le sous-sol, Marie appela Claire. Elle ne la fit pas attendre plus longtemps et apparut tout essoufflée d'avoir monté les marches deux à deux.
— Merci pour la lessive, c'est vraiment gentil, mais il ne faut pas te fatiguer trop en travaillant ici, sinon que va penser ta mère de moi !
— Oh ! ma mère t'aime trop pour penser quoi que ce soit, alors pour faire pencher la balance de mon côté, je serais obligée de lui dire que tu es tout simplement la femme la plus exigeante qui soit ! s’exclama Claire Deslanges en riant.
— Ah ! et elle te croira vraiment, tu penses ! rétorqua Marie tout aussi amusée.
 
Nan ! même pas en rêve, rajouta-t-elle.
— Allez file, rentre chez toi, il se fait tard et embrasse bien tout le monde, okay !
 
Okay, à demain !
 
Oui.
 Claire n'était même encore sortie que Marc attrapait déjà sa mère pour l'emmener voir le dessin qu'il lui avait fait.
 — Quel joli dessin ! Il est splendide mon bébé, je vais l'accrocher dans ma chambre avec tous les autres. Et bien ! Je ne savais pas qu'on avait un artiste à la maison.
Marc rougit, sa mère avait toujours le chic pour dire des choses qui le mettaient mal à l'aise. Alors elle le prit dans ses bras et l'embrassa tendrement sur le front. Qu'est-ce qu'il a la peau douce, comme son père, pensa-t-elle.
 
Tu n'as pas faim ? s’enquit-elle.
 
Si.
 
Dans ce cas, viens m'aider à préparer le dîner.
 
Dis m’man, on peut manger des pizzas ? proposa Marc.
 
Des pizzas, mais on en a déjà mangé hier.
— S'il te plaît, l’implora-t-il avec cette moue suppliante qu'il prenait toujours pour obtenir ce qu'il voulait. 
— Bon d'accord, je vais passer la commande, en attendant mets le couvert.
Elle n'arrivait jamais à résister à ce chantage sentimental, il la menait par le bout du nez, et elle s'en rendait parfaitement compte, mais c'était plus fort qu'elle, elle lui passait toujours tout quand il prenait cette mine-là.

Il tournait en rond dans sa chambre, cela faisait longtemps, trop longtemps qu'il avait attendu. Il devait agir, passer à l'action, mais il ne savait pas encore ni quand ni avec qui. Il se doutait que son jour de gloire approchait, mais il ne savait pas exactement quand il aurait lieu, tout ce qu'il savait, c'est qu'il avait déjà trop attendu. Mais, il patienterait, c'est ce qu'il savait faire de mieux. Après tout, il avait attendu 9 ans, alors quelques jours de plus ne le tueraient pas.
 
Chéri tu viens, le dîner est servi.
Ah ! qu'est-ce qu'il pouvait détester sa femme, et encore plus sa fille, elles lui servaient d'alibi pour passer inaperçu, à ses yeux, elles n'étaient qu'une apparence, elles n'avaient aucune valeur pour lui. Cependant, il lui fallait des invités pour son œuvre, il se l'était promis jadis.
Il aurait préféré un fils à la place de cette pimbêche de fille qu'il avait eue – il aurait pu lui transmettre son savoir et son art, ça se serait fait de père en fils, de génération en génération – ah ! qu'est-ce qu'il pouvait les haïr toutes les deux. Mais il avait besoin d'elles, d'une part comme alibi si les choses venaient à tourner mal et d'autre part comme invitées lors de son prochain jour de gloire. Il ne pourrait pas s'en passer, il ne voulait plus revivre un tel jour sans personne à ses côtés pour l'assister, sans personne pour ressentir les mêmes sentiments que lui, sans personne pour reconnaître ses talents et son art. Il voulait tout simplement que quelqu'un puisse comprendre sa passion, ce qu'il ressentait. Alors il jouait le rôle du père et du mari aimants et attentionnés, toujours là pour sa famille. Je suis vraiment un bon acteur, pensait-il toujours, un artiste accompli, quoi ! Cependant, il trouvait souvent qu'il prenait son rôle trop à cœur, il valait mieux ne pas trop s'attacher à sa petite famille, qui sait ! peut-être serait-elle amenée à disparaître.
Mais, il fallait quand même la préparer à accepter son œuvre et puis trouver les modèles parfaits qui l'inspireraient, qui la vivraient. Non ! Qui mouraient pour elle.
— J'arrive tout de suite ma chérie !


 

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24 octobre 2006

CHAPITRE 1 - PARTIE 1

Lundi 22 mars 1999

— Très bien Joséphine, c’est excellent, continue comme ça, tu progresses énormément, tu es sur la bonne voie. Lionel, en fait, j’attendais beaucoup mieux de toi, mais bon tu liras les commentaires que j’ai écrits sur ta copie. Enfin Annie, c’est moyen, tu peux mieux faire, et tu le sais.
Juste à la fin de sa phrase, la sonnerie retentit dans tout le lycée. Il était 18 heures.
Elle avait passé une journée épuisante, éreintante à travailler avec ses élèves. Heureusement, elle allait bientôt s'achever, en effet, elle devait encore, mais cette fois chez elle, corriger des copies et préparer les cours de demain. En pensant à ce qui l'attendait, elle poussa un long soupir.
Alors et cette journée ? lui demanda Stephen Quinn, professeur d'anglais, en la sortant de ses pensées.
— Difficile et fatigante, comme d'habitude quoi ! lui répondit Marie Martins.
— Allez viens ! Je t'invite à prendre un verre, ça va te remettre sur pied en moins d’deux.
Il est vrai que Marie était ce qu'on pouvait appeler une belle femme, avec sa peau métissée, ses longs cheveux noirs et raides – qu'elle laissait d'ailleurs courir le long de ses épaules – et ses yeux verts en amande qui lui donnaient une rare beauté et détournaient bien des regards vers elle. Elle aurait pu être mannequin lui répétait sans cesse son amie Jeanne, au lieu de se fatiguer à donner des cours de mathématiques. Alors, Marie pensait à son petit garçon de 5 ans et se disait qu'elle ne pourrait pas rester longtemps séparée de lui.
 Désolée, mais il faut que je rentre, mon fils m'attend.
— Et si tu demandais à sa baby-sitter de le garder ce soir, on pourrait aller dîner tranquillement tous les deux, je connais un bon resto qui vient d'ouvrir à deux pas d'ici, qu'est-ce que tu en penses ?
— Vraiment, je suis beaucoup trop fatiguée pour sortir ce soir, je ne serais pas d’une bonne compagnie, je ne pense qu'à dormir, et puis j'ai encore un tas de copies qui ne demandent qu'à être corrigées.
 Alors ce week-end ça t'irait ? insista-t-il lourdement.
 Je vais y réfléchir, promis.
— D'accord, je compte sur toi, et souviens-toi que j'attends ta réponse avec impatience.
Depuis son arrivée dans ce lycée, il y a deux ans maintenant, Stephen n'avait pas cessé de lui courir après. C'est vrai qu'il était charmant, marrant et intelligent, cependant, elle n'avait pas envie de relations amoureuses pour l'instant, elle ne se sentait pas tout à fait prêtre à revivre ça. La blessure laissée par la perte de son mari était encore trop fraîche dans sa mémoire et dans son cœur, elle ne voulait pas trop bousculer ses sentiments, elle se sentait beaucoup trop fragile pour le moment, elle préférait attendre un peu avant de s'engager dans une relation.
En plus, dans deux semaines, cela ferait trois ans que Pierre était mort, elle n'avait réussi à reprendre le dessus après sa mort tragique que grâce à Marc et Jeanne, elle les aimait trop pour s'être complètement laissée aller, heureusement qu'ils avaient été là, pensait-elle souvent, sinon elle ne savait pas ce qu'elle serait devenue. Pourtant, il lui arrivait encore régulièrement de pleurer quand elle pensait à Pierre, elle l'avait tellement aimé qu'elle se demandait s'il lui serait possible de refaire sa vie et de pouvoir à nouveau aimer un autre homme.
Non, ce serait impossible, en tout cas, pas autant qu'elle avait aimé Pierre.
Néanmoins, elle savait qu'elle ne pourrait rester éternellement seule, elle était jeune, attirante et de surcroît très intelligente. Pourtant, rien qu'à l'idée qu'elle pourrait aimer un autre que Pierre, un nœud lui serrait le ventre et une boule se formait dans sa gorge, alors automatiquement, elle sentait ses yeux la piquer, et c'est à peine si les larmes ne coulaient pas.
Alors, à chaque fois pour se calmer, elle se répétait qu'elle ne pourrait aimer un autre homme comme elle avait aimé Pierre, elle le savait au fond d'elle-même. Leur vie avait été soudée l'une à l'autre, et lorsqu'il s'était éteint, elle s'était éteinte avec lui aussi, pas réellement bien sûr, mais une part d'elle-même mourut en même temps que son mari et à compter de ce jour, elle ne vivait plus que par amour pour son fils. Après tout, c'était aussi celui de Pierre. Ah ! qu'est-ce qu'il lui ressemblait, c'était son portrait craché et il avait le même caractère que son père. Ce pauvre Marc ! Il n'avait que 2 ans quand son père les avait quittés, il ne parlait que très rarement de lui – alors Marie aussi en parlait peu – il avait beaucoup souffert de cette perte, même s'il était très jeune quand cela était arrivé, et il en souffrait encore énormément. Les seules fois où il parlait de son père, Marie lisait dans ses yeux une profonde tristesse, et voyait cette lueur qui déchire tant de cœurs.
Il était alors indéniable que Marc avait besoin d'un père et Marie le savait. Malgré tout, deux serments luttaient en elle, celui qu'elle avait fait sur la tombe de son défunt mari de n'aimer que lui – son serment de femme – et celui qu'elle s'était fait à elle-même de donner un père à son fils – son serment de mère – il lui faudrait alors faire un choix entre les deux tôt ou tard, et rien qu'à l'idée d'en rompre un, elle se sentait submerger par un sentiment de traîtrise et de tristesse.
C'est en pensant à cela qu'elle franchit le seuil de sa maison, elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle était arrivée chez elle. En entendant les clés s'introduire dans la serrure, Marc qui dessinait dans le salon, ne fit qu'un bout pour aller accueillir sa mère. (...)

 

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