CHAPITRE 4 - PARTIE 3
(...) — Il faut appeler Lacroix,
pensa Greg tout haut quand ils arrivèrent au poste de police.
— C'est toi qui as sa carte
de visite, répondit Fabien en pensant qu’il s'adressait à lui.
En arrivant au commissariat,
Greg s'assit sur le rebord de son bureau et contacta Lacroix.
— Allô, qui est à l'appareil
?
— C'est le lieutenant
détective Klein de la B.A.F, pourrais-je parler à Monsieur Lacroix ?
— C'est moi, j'attendais
votre coup de fil.
— Je pensais tomber sur
votre secrétaire.
— A cette heure-là, elle est
déjà partie – puis il ajouta sans qu'on le lui ait demandé, comme pour se
justifier – j’avais du travail à terminer ici.
— J'ai quelques questions à
vous poser.
— Pas au téléphone, prenons
plutôt un rendez-vous.
— Très bien comme vous
voudrez.
— Je vais chercher mon
agenda, attendez.
A l'autre bout du combiné,
Greg entendit une porte s'ouvrir puis se refermer et :
— Demain à 17 heures 30.
— C'est parfait.
— Dans ce cas à demain
lieutenant, et il raccrocha.
Quand ils passèrent devant
lui, il sut au premier coup d'œil qu'ils feraient l'affaire. Ils les suivit de
loin pendant une bonne demi-heure et quand il vit ce qu'il voulait savoir, il
s'approcha d'eux doucement et les aborda.
— Bonsoir Madame !
La femme surprise fit un pas
en arrière, tout en attrapant son fils à la volée.
— Excusez-moi, je ne voulais
pas vous effrayer, mais je crois que je me suis perdu, voyez-vous je suis de
passage ici, et j'ai oublié le plan du quartier à mon hôtel.
A ces mots, la femme se
détendit et lui sourit, mais ce qu'elle ne savait pas c'est qu'elle venait de
signer son arrêt de mort ainsi que celui de son fils.
Sa robe de mariée était
noire et elle se trouvait devant une tombe vide avec un cercueil grand ouvert à
ses pieds. Le visage qu'elle découvrit à l’intérieur lui glaça littéralement le
sang. C'était celui de Marc, malgré cela, la pierre tombale portait le nom de
Pierre ainsi que ses dates.
Comme paralysée, elle ne put
empêcher que l'on referme le cercueil et qu'on le glisse dans le trou creusé à
cet effet. Elle entendait Marc crier, il l'appelait, la suppliait pour qu'elle
le fasse sortir de là, il lui promettait de ne plus jamais se disputer avec
elle. Elle aurait voulu lui porter secours et l'aider, mais ses membres étaient
bloqués, ils ne lui répondaient plus, elle aurait voulu hurler qu'on le libère,
mais aucun son ne sortait de sa gorge. Même Jeanne et Claire semblaient ne
pouvoir bouger, pourtant, elle aurait voulu qu'elles fassent quelque chose,
mais elles semblaient tout aussi paralysées qu'elle.
Marie sursauta et entendit
un gémissement. Il lui fallut un certain temps pour comprendre qu'elle s'était
endormie sur le divan, Marc allongé contre elle, et qu'en sursautant, elle
l'avait dérangé dans son sommeil.
Elle se leva lentement du
canapé pour ne pas réveiller son fils qui dormait profondément.
Comme il faisait noir dans
la pièce, elle dut marcher à tâtons jusqu'à l'interrupteur du couloir, elle ne
voulait pas allumer dans le salon pour ne pas éveiller Marc.
Elle le prit dans ses bras
et le porta jusqu'à son lit, en passant devant la pendule de la salle à manger,
elle constata qu'il était 23 heures.
Après l’avoir couché, elle
fila dans sa chambre. La sueur lui coulait encore dans le dos tellement elle
avait eu peur.
Tout en se glissant sous la
couette, elle se dit que c'était bien la première fois qu'elle faisait autant
de cauchemars à l'approche de l'anniversaire de la mort de Pierre, ce devait
être ça qui la perturbait autant. Pourtant, cette date avait une autre
signification – plus joyeuse – en effet, le 05 avril était aussi la date de
leur anniversaire de mariage. Le 05 avril 1999 cela ferait trois ans que Pierre
était mort, mais aussi six ans qu'ils seraient mariés. Cette date était lourde
de significations pour elle et encore plus de sentiments, le jour de la mort de
Pierre, elle était enceinte de 10 semaines. Malheureusement, le fœtus n'avait
pas survécu au fort choc émotionnel causé par ce décès. Quelques heures plus
tard, Marie faisait une fausse couche.
Lorsqu'il lui arrivait de
penser à cet enfant qu'elle avait perdu, c'était toujours avec beaucoup de
tristesse, elle aurait eu 3 ans cette année. Elle, oui elle, Marie savait au
fond d'elle-même que c'était une fille, Pierre voulait absolument une fille.
Elle aurait voulu avoir cet enfant pour retrouver en lui un peu de Pierre.
Alors, Marie s'était attachée de toutes ses forces à Marc, l'unique lien entre
elle et son défunt mari.
Lorsqu'elle s'endormit finalement,
ce ne fut que pour plonger de nouveau dans un sombre cauchemar.